Pour favoriser l’économie d’intrants

L’introduction de légumineuses fourragères dans les rotations culturales présente de nombreux bénéfices dont la réduction d’intrants. L’agriculteur peut choisir d’implanter des légumineuses :

  • Pour réduire l’apport d’engrais azoté,
  • Pour diminuer l’usage des produits phyto-sanitaires,
  • Pour limiter les passages d’engins et simplifier le travail du sol.

Ces objectifs renvoient à des enjeux plus larges comme l’amélioration de la qualité et de la structure du sol, ou une meilleure gestion des adventices.

Pour limiter les apports azotés pour la culture suivante :

Les légumineuses ont la capacité de fixer l’azote atmosphérique grâce à des bactéries présentes en symbiose dans les nodosités que portent leurs racines. L’azote est ensuite libéré dans le sol via la dégradation des résidus de culture (racines et parties aériennes). Dans la pratique, la libération d’azote d’une luzerne se situe autour de 100 kg N/ha au total, et représente environ 50 à 60 kg N/ha en première année. Cet effet doit être pris en compte dans l’estimation de la fertilisation azotée à apporter aux des cultures suivantes.

Pour améliorer la structure du sol

Les légumineuses fourragères ont des effets bénéfiques, à la fois, sur la fertilité physique (structure et circulation de l’eau), chimique (nutriments) et biologique (renouvellement de la matière organique, micro-organismes) du sol. Excellente tête de rotation, la luzerne possède un système racinaire très puissant et pénétrant, jusqu’à deux mètres de profondeur selon les sols.  Les micro réseaux de drains, constitués par les pivots et les grosses racines de la plante, facilitent la circulation de l’eau et s’avèrent un atout pour la structure physique du sol et la mise en place de préparations de sol simplifiées.

Pour favoriser l’assainissement d’une parcelle

L’introduction de légumineuses dans la rotation aide à lutter contre les parasites des autres cultures en augmentant la diversité botanique et celle de la faune auxiliaire.

Par leurs effets d’étouffement, elles limitent la pression des adventices. L’alternance de plantes hôtes et non-hôtes et la diversification des dates de semis et des modes d’implantation permettent de maîtriser les populations d’agents pathogènes, de ravageurs et adventices. Les légumineuses fourragères ont ainsi une fonction nettoyante.

Par exemple, la luzerne est parfois utilisée en système bio pour permettre la régression de la présence de chardon : plusieurs fauches annuelles et un effet compétitif (racine pivot et végétation dense) participent à l’épuisement des chardons, voire à leur disparition au bout de 2 ou 3 ans.

Pour développer l’autonomie alimentaire

La question de l’introduction des légumineuses fourragères dans le système fourrager d’une exploitation d’élevage se pose plus particulièrement :

  • Pour optimiser la production fourragère (qualité et utilisation),
  • Pour augmenter la part de protéines de la ration produite sur l’exploitation,
  • Pour mieux résister aux aléas économiques et climatiques et donc être plus résilient,
  • Pour renforcer un système en agriculture biologique.

De manière générale, l’introduction de légumineuses permet de développer l’autonomie fourragère et alimentaire du troupeau.

Pour optimiser la ressource fourragère

Intégrées dans les prairies, les légumineuses permettent :

  • D’améliorer le potentiel productif des prairies,
  • De produire une alimentation de qualité (appétence, ingestion, richesse en matière azotées) et favoriser la santé des troupeaux. La luzerne possède une bonne digestibilité qui est expliquée par sa valeur d’encombrement faible par rapport aux graminées.

Pour développer l’autonomie protéique

L’introduction de légumineuses dans les prairies permet d’enrichir la ration animale en protéines avec des variations selon les modes de conservation : ensilage, foin séché ou déshydraté. L’apport de protéines par les légumineuses fourragères permet de réduire, voire supprimer, l’usage de matières premières très riches en PDI (protéines digestibles dans l’intestin grêle) comme les tourteaux. Chez les animaux à forts besoins énergétiques, un complément énergétique est, toutefois, à prévoir.

Pour sécuriser le système vis-à-vis des aléas

Augmenter le nombre d’espèces au sein des surfaces fourragères permet de diversifier l’alimentation, d’augmenter la production et les reports de stocks, en étalant les périodes de récoltes. Une association de graminées et légumineuses bien raisonnée peut ainsi permettre de maintenir la production de fourrages sur une période plus longue ou dans des conditions plus difficiles.

Pour optimiser les coûts à l’échelle de la rotation et de la ration

De premier abord, l’impact économique n’est pas forcément évident. Les rendements des légumineuses fourragères sont variables. Comparées aux céréales, les marges à la culture peuvent être défavorables. Cependant, les économies d’intrants et l’impact positif sur le rendement de la culture suivante peuvent aboutir à une augmentation de 6% de la marge semi-directe sur une rotation.

A l’échelle de la rotation

Les légumineuses influent sur différents points économiques :

Favoriser les économies en intrants :
Energie indirecte (engrais) : pour un système conventionnel, des réductions de 10% à l’échelle de la rotation et 50% pour la culture sont observées.
Carburant : la diminution des passages pour les traitements et le travail du sol permettent des économies.
Stabiliser et/ou améliorer les rendements (rotation) :
En fonction de l’espèce et des conditions, la culture suivant une légumineuse peut voir son rendement amélioré.
Réaliser une association avec une légumineuse permet de sécuriser le rendement.

A l’échelle de la ration

La substitution d’aliments achetés par des légumineuses fourragères produites sur la ferme a un impact sur le coût de l’alimentation.

Raisonner le coût de la ration à l’échelle de l’exploitation
L’analyse ne doit pas passer uniquement par la comparaison entre le coût de production de la luzerne et celui des aliments qu’elle va remplacer (en partie ou en totalité) dans les rations. Les aliments ont leurs propres caractéristiques alimentaires (MAT, UF, fibrosité etc.) et ne sont pas interchangeables à parité.

Exemple d’impacts de substitution :

La substitution de tourteaux par des luzernes fourragères réduisent les dépenses d’achat d’aliments alors que la substitution sur du maïs ensilage invite à analyser le ratio produit – charges à l’échelle de l’exploitation. Dans ce dernier cas, il est nécessaire de compenser la baisse en apports énergétiques. Cela se fait souvent via une augmentation de la part de céréales autoconsommées sur l’exploitation. La perte de revenu sur la vente de produits céréales peut être compensée par des réductions d’achats alimentaires.
Ainsi, l’intérêt économique de l’introduction de la luzerne dans les rations dépend étroitement de trois facteurs, voir ici.

Cependant, l’implantation de légumineuses fourragères peut entraîner des investissements dans du matériel spécialisé, pour la récolte, principalement. La modification du système peut également engendrer de nouveaux coûts ou des besoins d’apprentissage de conduites de ces cultures. Pour y répondre, des pistes en collectifs sont proposées dans le chapitre   Récolter en collectif: Quels impacts ?

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