Dans le cadre du projet CAPACCITA, un stage de fin d’études d’école d’ingénieur agronome s’est intéressé à l’accompagnement des groupes cuma en transition agroécologique (dont les groupes travaillant sur les légumineuses font notamment partie). En se basant sur les pratiques des animateurs du réseau Cuma, une des questions d’étude consistait à mettre en évidence les spécificités de cet accompagnement. Certaines de ces réflexions peuvent s’appliquer à d’autres réseaux accompagnant ce type de démarches collectives.

D’après les acteurs interrogés, les groupes agroécologiques présentent des spécificités amenant à certaines caractéristiques dans leur accompagnement.

Tout d’abord, qu’elles soient individuelles ou collectives, les trajectoires de transitions sont longues et non linéaires : en raison du temps d’apprentissage et d’expérimentation conséquent. Cela demande donc un accompagnement sur la durée.

De plus, le changement de pratiques vers plus d’agroécologie demande un plus fort engagement des membres du groupe. Ce temps d’investissement conséquent couplé à une très forte hétérogénéité au sein du groupe demande alors un suivi plus important du collectif ET des individus. Enfin, la multi dimensionnalité de la transition agroécologique suppose un décloisonnement de l’accompagnement : l’animation du groupe va au-delà d’un aspect particulier (machinisme, nutrition animale…). Cela demande notamment d’aller chercher des compétences extérieures en se tournant vers d’autres réseaux de développement agricole.

Au-delà de cet accompagnement en logique projet spécifique à la transition agroécologique, le changement de pratiques ne peut se faire que si le groupe possède des bases saines : que ce soit au niveau de l’organisation du collectif ou au niveau de la gestion de la structure qui porte le projet (structure cuma par exemple). Il s’agit ici d’un accompagnement systémique voire stratégique qui n’est pas spécifique à la transition agroécologique mais qui lui est indispensable.

Illustration: Un accompagnement spécifique à la TAE ?
Un accompagnement spécifique à la TAE ?

Quels dispositifs pour outiller ces pratiques d’accompagnement ?

Les trajectoires de transition, individuelles et collectives, sont complexes et l’animateur doit mobiliser plusieurs dispositifs d’animation (et donc de financement) pour les accompagner au mieux.

Dans certains réseaux, les cotisations permettent de réaliser un accompagnement ponctuel pour répondre aux questions techniques, juridiques ou organisationnelles des groupes. Cet appui de proximité permet aux groupes d’avoir accès à un conseil et à des ressources essentiels à leur avancée.

Pour l’animateur, cet accompagnement ponctuel est la première entrée pour saisir les différentes problématiques et les différents enjeux auxquels sont confrontés les groupes en transition agroécologique. Cependant, il n’est pas suffisant pour soutenir efficacement les dynamiques de changement de pratiques.

Pour fournir les bases nécessaires à la pérennité et à la stabilité de ces dynamiques, un accompagnement plus systémique est à réaliser. Concevoir une prestation d’accompagnement sur un temps plus long (plusieurs mois voire années) et accompagner le groupe dans la recherche de financements peut alors être nécessaire.

Pour soutenir l’acquisition de nouvelles connaissances, la mobilisation des dispositifs et financements de la formation des agriculteurs (via Vivéa) peut également être réfléchie. Cet accompagnement permet ensuite aux groupes qui la constituent de mettre en place de nouvelles pratiques durablement. De plus, un accompagnement plus spécifique au changement de pratiques, à la transition agroécologique et à l’atténuation du changement climatique est mis en place par l’animateur.

Son temps de travail et d’animation peut être alors financé par des dispositifs de politiques publiques qui lui demandent notamment de fonctionner en logique projet (Animation GIEE, Groupes 30000 fermes Ecophyto, appels à projets régionaux).

Cet accompagnement permet alors aux groupes de définir leurs objectifs de transition, les moyens mis en œuvre et la démarche à suivre. Dans une dynamique de réseau, il a également pour ambition de rendre ces groupes autonomes dans leur transition : à long terme, le suivi de ces groupes devient ponctuel et est financé par leur cotisation.

Remarque – le réseau en question n’a pas vocation à tout faire tout seul : il doit s’appuyer sur les compétences mobilisables sur le territoire pour accompagner ces groupes.

Au-delà des dispositifs de financements mobilisés, de nombreux outils d’accompagnement sont à la disposition de l’animateur pour accompagner le changement de pratiques (formations, démonstrations, dispositifs de conseil stratégiques, outils informatiques…).

Cette étude montre cependant la difficulté qu’ont ces animateurs à les connaître, à se les approprier et donc à les mobiliser. Pour consolider l’accompagnement de la transition agroécologique, les différents réseaux animant des collectifs d’agriculteurs en transition ne doivent pas simplement proposer de nouveaux outils d’accompagnement mais permettre aux animateurs de mieux mobiliser l’existant.

Témoignages